Accepter l'inacceptable...
- Marie-Clémence Bordet
- 8 avr.
- 2 min de lecture
Aujourd'hui je voudrais vous parler du principal sujet de disputes qu'on a pu avoir avec Aurore : nos familles respectives.
L'autre jour on me demandait si on se disputait souvent ou pas, je vais vous faire une vidéo à ce sujet, mais j'ai répondu que le seul sujet qui a pu vraiment être source de conflit au début de notre histoire, c'était nos relations à nos propres familles.
Qu'est-ce qu'on accepte d'inacceptable parce que ça vient de nos familles ?
Lorsqu'on se met en couple avec quelqu'un, on découvre aussi la relation qu'il ou elle entretient avec sa famille. On arrive avec un regard extérieur dans cette machine bien huilée qui marche comme ça depuis toujours et on est parfois choqué par des mécanismes toxiques qu'il peut y avoir.
Et la personne qu'on aime a conscience que ça cloche, a conscience qu'elle ne devrait pas se laisser faire, que certaines situations ou relations sont horribles. Mais parce que c'est sa famille, elle accepte, elle endure. Et elle ne veut pas l'entendre d'une personne extérieure. Elle ne veut pas que quelqu'un d'autre qu'elle critique cette famille.
Oui, on se disputait parfois car je ne comprenais pas comment Aurore pouvait accepter des situations dans sa famille que je trouvais absolument anormales. Elle critiquait son propre nid, mais n'acceptait pas que cela vienne de moi.
Et à l'inverse, combien de fois, dans la période où ma famille rejetait mon homosexualité, Aurore montait en pression en me voyant accepter, supporter, endurer des situations tellement violentes.
Mais moi je disais "oui, mais c'est ma famille. Je les aime ! Je sais que ce n'est pas normal. Je sais que je devrais être en colère. Mais je ne peux pas débrancher la machine !"
En fait, je trouve que ces épreuves au début de notre relation, il y a 15 ans donc, on été difficiles, violentes, mais nous les avons surmontées.
Qu'avons nous fait ?
Aurore une psychanalyse et moi une psychothérapie.
Chercher, accepter, reconnaître les mécanismes toxiques de nos familles respectives, c'est s'en détacher et construire une relation plus saine avec elles ou rompre certains liens si il faut.
Accepter que certaines choses ne changeront jamais. Que oui, quand je parle à mes parents, je redeviens souvent l'enfant. Que oui, je me préoccuperai toujours du regard qu'ils portent sur moi. Que ça orientera mes décisions. Que je prendrais des remarques ou des regards. Même si c'est injuste. Même si ça ne me rend pas toujours heureuse.
Moi j'accepte qu'Aurore pardonne des choses impardonnables à des membres de sa famille.
Dans tout cela, il s'agit de quoi finalement ?
De temps et d'amour.
L'amour, imparfait et imprécis, pour nos familles respectives.
Le temps, celui qui nous est propre. Ce qui sautait aux yeux d'Aurore quand elle m'a rencontrée et qu'elle m'a vue dans mon cercle familial, j'ai mis des années avant de le voir. Puis d'agir. Nos chemins respectifs sont différents et il faut l'accepter.
En bref, l'impact des familles sur nos vies peut être énorme et mettre à rude épreuve la vie de couple. Mais une fois que chacun a trouvé sa place, une fois qu'on a fait un travail individuel, et une fois qu'on a accepté qu'on ne pourra jamais tout changer, l'équilibre s'installe. Imparfait, mais un équilibre tout de même.
Ça vous parle ?
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